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Difficultés, persévérance et succès : Trouver un emploi vert au Canada en tant que nouvelle arrivante

22 juillet 2021

Un article de Shuya Huang

Le Canada prévoit accueillir plus de 300 000 nouveaux immigrants annuellement au cours des prochaines années.

Mais en 2020, environ 13,5% des nouveaux arrivants au Canada (les personnes qui sont au Canada depuis moins de cinq ans) étaient sans emploi. Et ce chiffre ne tient pas compte des nombreux nouveaux arrivants qui sont sous-employés (ils ne travaillent pas assez d’heures ou ne font pas un travail qui tire profit de leurs compétences). S’installer au Canada s’accompagne de nombreux défis potentiels : diplômes non reconnus, manque d’expérience professionnelle au Canada, absence de réseau de contacts et de système de soutien, et manque de ressources financières.

Mon nom est Shuya Huang, et je connais de première main les luttes et les obstacles que rencontrent les jeunes nouveaux arrivants lorsqu’ils essaient de trouver un emploi, surtout un emploi dans le domaine de leurs rêves. J’ai déménagé au Canada en juin 2020 dans l’espoir de trouver un emploi en tant que professionnelle de l’environnement, mais mon aventure canadienne a commencé bien avant.

Étudier au Canada

En 2013, j’ai foulé pour la première fois le sol canadien en tant qu’étudiante étrangère de 20 ans. Mon université de l’époque, l’Université agricole de Chine, avait publié une annonce sur les possibilités de transferts pour étudier à l’étranger, et j’ai immédiatement reconnu qu’il serait précieux de poursuivre des études dans une partie du monde que je n’avais jamais connue auparavant.

Après avoir réussi tous les examens d’anglais et les entretiens d’entrée à l’université, j’ai obtenu une bourse d’études à l’Université de Waterloo pour des études de premier cycle en sciences de l’environnement. Puis, après avoir obtenu mon premier diplôme, j’ai poursuivi des études de maîtrise en sciences de l’environnement, avec spécialisation en conservation et biodiversité, à l’Université de Toronto. Comme il ne s’agissait pas d’un programme d’études avec thèse, j’ai effectué un stage en milieu de travail au lieu d’un projet de recherche. J’ai choisi ce programme parce que je ne pensais pas vouloir faire une carrière universitaire. Et heureusement, cela m’a donné la chance de tremper dans le secteur vert du Canada.

J’ai travaillé comme biologiste pour Blazing Star Environmental, une société d’experts-conseils en écologie, pendant mon stage de cinq mois. Mon travail consistait à mener des enquêtes biologiques sur les amphibiens et les reptiles en voie de disparition dans le sud de l’Ontario. Ce fut une expérience extraordinaire; j’ai fait de nombreuses rencontres fortuites avec des animaux sauvages et j’ai acquis de nombreuses connaissances pratiques grâce au travail sur le terrain, connaissances que je n’aurais jamais acquises si j’avais été en classe ou dans un bureau.

Cependant, même si mon superviseur a été très satisfait de mon travail, je n’ai pas pu bénéficier de financement pour prolonger mon contrat parce que j’étais étudiante étrangère. Après l’interruption de mon expérience, j’ai traversé une période difficile de six mois où j’ai postulé sans succès pour un nouvel emploi. J’ai obtenu plusieurs entrevues, mais j’ai été rejetée en raison du manque de possibilités de financement pour les étudiants étrangers.

Retour en Chine (avec la ferme intention de revenir au Canada)

J’étais tombée amoureuse du Canada et j’étais déterminée à y revenir terminer mon processus d’immigration. Mon score pour le bassin d’Entrée express était suffisamment élevé, mais je devais acquérir une année d’expérience professionnelle connexe. J’ai postulé pour plus de 50 emplois et j’ai été très déçue de voir ma candidature rejetée à maintes reprises, surtout après avoir consacré six années d’études à mon domaine. J’ai cru que mon rêve de devenir immigrante au Canada allait être anéanti, et je n’ai ressenti que de la frustration. Mais finalement, j’ai appris que certaines expériences de travail acquises à l’extérieur du Canada pouvaient être admissibles, et cela m’a donné l’espoir de poursuivre mon parcours d’immigration.

Je suis retourné en Chine et j’ai réussi à trouver un emploi dans le domaine de l’environnement. En même temps, j’ai travaillé à la constitution de mon réseau de contacts, tant en Chine qu’au Canada. Je savais que j’allais retourner au Canada, alors j’ai fait des recherches sur LinkedIn et j’ai contacté plusieurs professionnels du même domaine pour mener des entretiens d’information.

J’ai également saisi toutes les occasions possibles pour participer à des webinaires et à des ateliers sur le processus de demande d’emploi au Canada. Et surtout, je me suis inscrite à un programme de mentorat. Cela a fait une énorme différence – je peux dire que c’est sans doute la décision la plus importante que j’ai prise à ce jour dans mon parcours professionnel.

Développer mon réseau grâce au mentorat

Dans le programme de mentorat mondial de CoalitionWILD, j’étais la seule personne à avoir fait des études au Canada et à vouloir travailler au Canada, et j’ai donc été jumelée avec le seul cadre supérieur canadien qu’ils avaient.

Mon mentor était Dawn Carr, ancienne directrice générale du Conseil canadien des parcs et vice-présidente du conseil d’administration d’Apprendre par les arbres Canada (APLA Canada). Depuis notre première rencontre sur Skype à l’hiver 2018, nous sommes restées en contact étroit. Au cours de nos conversations mensuelles d’une heure, je posais des questions sur le marché du travail au Canada, j’améliorais mon profil LinkedIn, je faisais des simulations d’entrevue et je lui demandais comment je pouvais élargir mon réseau de contacts de façon proactive.

Dawn a toujours été à l’écoute et m’a donné de précieuses recommandations professionnelles. Mais ce n’était pas tout. Elle m’a également posé des questions sur ma famille, ma vie, mes ambitions et mes passions, et a appris à me connaître en tant que personne. J’ai partagé avec elle la difficulté de me préparer et de m’installer seule dans un autre pays et, plus tard, les problèmes de santé mentale liés à la vie pendant une pandémie mondiale. Elle a contribué à atténuer mon anxiété et a été mon système de soutien au Canada.

De retour au Canada, mais sous-employée

Après avoir acquis une année d’expérience professionnelle, j’ai fait une demande officielle d’immigration. Mais comme elle a eu lieu à l’extérieur du Canada, le processus de vérification et d’approbation de l’immigration a été plus long que prévu – environ un an.

Enfin, j’ai reçu ma confirmation de résidence permanente, ou fiche relative au droit d’établissement, avec une date d’expiration en juin 2020. À l’origine, j’avais prévu de déménager en février 2020, mais la pandémie de COVID-19 a tout arrêté. J’ai dû reporter mon vol à plusieurs reprises, mais j’ai finalement pu prendre l’avion et j’ai atterri à Toronto deux semaines avant la date d’expiration.

Deux semaines de quarantaine, c’était dur, mais ce qui m’attendait était encore plus dur. Je savais que je voulais continuer à travailler dans le secteur vert, mais en même temps, j’avais besoin de me maintenir à flot financièrement. Pendant plus de six mois, j’ai donc travaillé dans un restaurant. Malgré tout, j’ai continué à postuler à tous les emplois que je pouvais. J’étais sous-employée, mais j’étais heureuse car j’étais financièrement indépendante et je me tenais occupée pour ne pas trop ressasser mon mal du pays.

J’ai également commencé à faire du bénévolat et à postuler à d’autres programmes. J’ai fait du bénévolat (et j’en fais encore) pour le Comité canadien de l’Union internationale pour la conservation de la nature (CCIUCN) et j’ai été acceptée dans le Newcomer Youth Green Economy Project (NYGEP) de l’Office de protection de la nature de Toronto et de la région (TRCA). Ces deux expériences ont été extrêmement précieuses.

Par le biais du programme NYGEP, j’ai pu entrer en contact avec l’une des conférencières invitées, Maria Chiarella, coordonnatrice principale du réseau jeunesse et du mentorat chez APLA Canada. Ma mentore, Dawn Carr, m’avait présenté à Maria quelques mois auparavant, et nous avons pu renforcer notre relation grâce au programme NYGEP. Le secteur vert du Canada est petit – il y a toujours de fortes chances de renouer connaissance! Maria et moi avons des antécédents similaires en tant qu’immigrantes, et j’ai également été impressionnée par les résultats concrets obtenus par APLA Canada, qui a placé jusqu’ici des jeunes dans plus de 3 700 expériences de travail rémunérées dans le secteur des forêts et de la conservation. Naturellement, j’ai gardé un contact étroit avec elle et j’ai partagé mes réflexions en tant que jeune nouvelle arrivante sur le marché actuel des emplois verts au Canada.

Au cours de mes huit premiers mois au Canada, j’ai postulé à près de 100 emplois et obtenu plusieurs entrevues. J’ai fait des recherches, j’ai noté toutes mes expériences passées et je me suis exercée aux techniques d’entrevue avec mes amis, mais j’ai toujours été rejetée. « Vous êtes surqualifié ». « Vous n’avez pas assez d’expérience locale. » « Vous êtes une excellente candidate, mais malheureusement nous devons choisir l’autre personne. » « Le poste est un contrat à court terme et ne correspond peut-être pas à ce que vous recherchez. » Chaque courriel de suivi me donnait de bons retours, mais je n’arrivais tout simplement pas à franchir la ligne d’arrivée. C’était frustrant car je ne savais pas comment m’améliorer ou m’adapter à ce que les employeurs recherchaient.

J’ai ma chance : Accès égal aux emplois verts

Et tout à coup, les choses ont commencé à s’améliorer. Maria Chiarella m’a demandé si je pouvais donner un coup de main pour la série d’ateliers « Accès égal aux emplois verts » organisée par APLA Canada.

J’ai accepté l’offre avec plaisir et j’ai eu la chance d’utiliser mon expérience et mes connaissances personnelles pour aider des jeunes dans des situations similaires, ce qui était très satisfaisant. Et APLA Canada a fini par me garder comme consultante après la série d’ateliers pour aider à la réalisation d’autres projets.

Puis, quelques mois plus tard, j’ai officiellement obtenu un nouveau poste à temps plein. Je suis actuellement coordonnatrice des stages d’APLA Canada et mon travail consiste à aider à placer un plus grand nombre de jeunes canadiens d’origines diverses dans des expériences de travail rémunérées et à les aider à progresser dans leur chemin de carrière vert.

Ensemble, nous pouvons créer une main-d’œuvre résiliente et diversifiée pour les emplois verts

Mon histoire se termine ici pour l’instant, mais mon parcours en tant que jeune nouvelle arrivante et jeune professionnelle de l’environnement au Canada est loin d’être terminé.

Le secteur canadien des forêts et de la conservation doit recruter sans tarder la prochaine génération de leaders, et nous savons que des perspectives diverses contribuent grandement au renforcement des milieux de travail. Selon les prévisions, environ 47 500 travailleurs forestiers prendront leur retraite entre 2020 et 2028. C’est presque le quart de l’effectif actuel! Et en 2018, l’Organisation internationale du travail a indiqué que l’économie verte pourrait créer environ 24 millions de nouveaux emplois d’ici 2030.

J’espère qu’en partageant mon histoire, les jeunes nouveaux arrivants, ou les jeunes qui cherchent à immigrer au Canada, se sentiront motivés à acquérir les connaissances nécessaires et à développer des stratégies pour rejoindre le secteur vert du Canada, et que les employeurs verront l’intérêt de donner une chance à ces jeunes.

Comment se joindre à nous et contribuer au développement de la main-d’œuvre du secteur des emplois verts du Canada?

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